Le terme a le vent en poupe ces dernières années, mais que se cache-t-il réellement derrière l’appellation de CUIR VÉGÉTAL ? Afin de pouvoir comprendre en détail cette matière, nous sommes allés interviewer Antoine Colombier, dirigeant de la société HIRIAR spécialisée dans l’export de cuirs tannage végétal et l’import d’extraits végétaux pour la tannerie.
On entend à la fois parler de cuir végétal, mais aussi de cuir à tannage végétal… Quelle est la différence entre les deux ?
Le cuir tannage végétal désigne une peau animale rendue imputrescible par l’action de tanins d’origine végétale (écorce de chêne, de châtaigner etc.) . Le cuir végétal au sens strict du terme … N’existe pas ! Le terme de « cuir » ne peut être appliqué qu’à des peaux animales transformées. C’est la définition même du mot :
Son appellation est régie par le décret 2010-29 du 8 janvier 2010 portant application de l’article L.214-1 du code de la consommation, appelé Décret Cuir :
« L’utilisation du mot cuir (…) est interdite dans la désignation de toute autre matière que celle obtenue de la peau animale au moyen d’un tannage ou d’une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau ».
EN SAVOIR PLUS : https://conseilnationalducuir.org/presse/communiques/2016-05-24
« Peau des animaux séparée de la chair, tannée et préparée. »
Les promoteurs du simili cuir utilisent ce terme à tort pour parler de matières à base de fruits (un peu) et de plastique (beaucoup) et c’est tout bonnement interdit. Au final, il serait plus juste de parler de similicuir 2.0.
Pourtant de nombreuses marques clament haut et fort proposer des vêtements et produits de maroquinerie à base de « cuir végétal ». Comment peut-on expliquer cela ?
Ces marques utilisent la volonté légitime des consommateurs de respecter des conditions de vie animale tout en empruntant le terme « cuir » pour bénéficier de l’image de matière luxueuse et durable.
L’argument récurrent est d’ailleurs: « aucun animal n’a été tué pour produire notre cuir de cactus ». C’est une technique marketing de « greenwaching ».
Le greenwashing, aussi nommé écoblanchiment ou verdissage, est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation (entreprise, administration publique nationale ou territoriale, etc.) dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse. La plupart du temps, les dépenses consenties concernent davantage la publicité que de réelles actions en faveur de l’environnement et du développement durable.
N’oublions pas l’évidence : les animaux ne sont pas élevés pour leurs peaux ! Les cuirs sont des produits de recyclage de notre consommation de viande. Sans l’industrie du cuir les peaux seraient tout simplement détruites avec un coût environnemental qui reste à déterminer.
Quant aux matières alternatives présentées comme du « cuir végan » elles se composent principalement de dérivés synthétiques, à base de polyester, PVC ou polyuréthane avec parfois d’un peu de végétaux. Il y a d’ailleurs souvent un manque de transparence au sujet de leur composition.
Donc au consommateur de juger s’il est plus pertinent d’utiliser un produit type plastique issu de la petro-chimie ou bien un matériau recyclé tel le cuir véritable donc la durabilité n’est plus à prouver.
Le cuir végétal est donc un cuir particulièrement écologique au sens premier du terme, quels en sont les usages habituels ?
Le tannage végétal est un process long qui, pour les plus traditionnels, peut durer plusieurs mois. On plonge les cuirs dans des bains composés d’eau et de plusieurs essences de végétaux. On choisit ces végétaux en fonction des propriétés que l’on souhaite donner au cuir. On peut citer par exemple le CHATAIGNIER et le QUEBRACHO qui sont deux produits issus de gestion durable des forêts pour lesquels nous avons le label PEFC.
Les cuirs tannage végétal traditionnels sont des cuirs fermes destinés aux semelles de chaussures, à l’équitation, à la maroquinerie… Ils ont une résistance et durabilité incomparables.
Mais il ne faut pas limiter le tannage végétal aux cuirs fermes et lourds : les dernières évolutions techniques permettent de proposer des cuirs souples et légers et ainsi de se rapprocher des qualités du cuir au tannage minéral (ce cuir fera l’objet d’un prochain article).
La filière française évolue chaque jour, c’est ce qui est passionnant !